Dring… Dring…
Il est midi, Victor se réveille lentement, il se remet d’une nuit mouvementée. Après dix minutes dans son lit, Victor se lève pour aller prendre son petit-déjeuner, il se balade nu dans son grand appartement. L’argent du loto fructifie et fait des petits. Victor mange son petit-déjeuner tout en consultant sa boîte e-mail, il est invité le soir même au vernissage d’une nouvelle expo d’un jeune peintre new-yorkais. Tout d’un coup le téléphone sonne, c’est sa mère qui appelle tous les jours de France pour prendre des nouvelles de son fils, ça l’ennuie de raconter ses journées à sa mère mais il le fait sans rechigner comme un enfant sage. Quand la conversation est terminée, Victor va dans sa salle de bain, faire sa toilette et prendre sa douche. Il y passe une heure tous les jours, obsédés par son apparence. Victor est de taille moyenne, brun aux yeux bleus. Il aime laisser une fin barbe sur son visage, ce qui lui donne un air négligé mais propre. IL s’habille comme un artiste car il se considère artiste, il écrit quelques poèmes. Victor change de looks régulièrement, tous plus loufoques les uns que les autres.
Après avoir fini sa toilette, il sort se balader à Central Park. Il marche jusqu’au parc sous les buildings qui cachent le ciel. Il est pratiquement impossible de voir le ciel, que le ciel, à New-York comme dans toutes les grandes villes. En levant les yeux dans la rue, il y a toujours un lampadaire, le haut d’un gratte-ciel ou un simple passant pressé qui vous bouscule, tous ces petites choses empêchent la quête du ciel pour n’importe quel citadin. Victor a marché un quart d’heure pour rejoindre Central Park. On est en automne, c’est là que le parc est le plus beau, roux avec un tapis de feuilles qui recouvre le bitume. Sa balade quotidienne est pour Victor, le seul lien avec la nature, c’est une bouffée d’oxygène. S’il a choisi New-York, c’est pour trois raisons : la folie, l’ambiance qui règne dans les rues le soir, et Central Park. Sans Central Park, Victor n’aurait pas tenu plus de deux mois dans cette ville. Il y a une quatrième raison qui explique ce choix, c’est comme la dit John Lennon, “A New-York, il y a ce sentiment d’être au centre du monde, j’aurais vécu 2 000 ans en arrière, j’habiterais Rome”. Victor aime être “au” et “le” centre du monde.
Victor marche doucement sur les feuilles, donne deux ou trois coups de pieds dans les tas. Il connaît ce coin du parc par cœur, il l’aime. C’est un peu de sa France natal qu’il retrouve dans ces balades. Quand il est las de marcher, Victor prend un hot-dog et il s’assied sur un banc, c’est à ce moment qu’il écrit ses poèmes, éloges à la nature. Victor est un Rimbaud fade, sans rébellion et sans talent. Néanmoins ses poèmes sont beaux, doux, légers mais ce ne sont pas des chefs-d'œuvre. Après avoir écrit ses poèmes il rentre chez lui.
Il est au environ de dix-sept heures, Victor s’allonge sur le canapé et allume la télé. Il regarde un match des Knicks (l’équipe de basket de New-York) avec une bière à la main. Malgré ses “pensées d’artiste”, il ne résiste pas au plaisir canapé-bière-sport. Il y a un autre plaisir auquel Victor ne résiste pas, c’est la marijuana. Quand Julien est arrivé en Amérique, il a vite découvert la scène artistique indépendante new-yorkaise et ses excès. Il est vite tombé dans le cliché artistique : la consommation de drogue, les excès sexuels… Au début il fumait rarement et puis s’est devenu une dépendance. Il fume un joint par jour tranquillement chez lui, sans déranger rien ni personne. Il a conscience des risques de la drogue, il consomme en homme libre et majeur.